George Floyd et le Québec

Ça m’a pris un peu plus de temps pour écrire la version française de cette publication, pour la simple et bonne raison qu’il ne s’agit pas de la traduction, mais d’une remise en contexte. Le Québec est culturellement très différent du reste du Canada, et pour beaucoup de Québécois, le racisme c’est quelque chose qu’on ne voit que dans les films.   Cependant, si l’on se sent généralement moins concerné il ne faudrait pas faire l’erreur d’ignorer ce qui se passe chez nous.

Un peuple qui croit en l’égalité…

Les Québécois peuvent être fiers de faire partie d’une société généralement très tolérante. Notre rivalité avec les Anglais et les autres provinces est amicale, enfin la plupart du temps. Depuis la Révolution tranquille, les Québécois ont exprimé le désir d’être chez eux, et de jouer selon leurs règles; quelque chose de tout à fait légitime.

… mais qui n’est pas immunisé

Pourtant, nous ne sommes pas immunisées contre le racisme et c’est un phénomène qui, bien que trop peu discuté, a bel et bien existé au Québec. Dans les cours d’histoire, on parle peu ou pas de la montée du fascisme durant les années 30 et 40 ou encore qu’il y ait eu de l’esclavage ici même au Québec. À Montréal, les noirs vivaient dans des bidonvilles, comme dans les autres provinces. L’homme qui a fondé l’université McGill possédait des esclaves. Ce sont les Anglais, me répondrez-vous. Premièrement, pas toujours, et deuxièmement, non, ce n’est pas une excuse.  

Des cas actuels bien de chez nous

On a appris récemment que le SPVM a eu recours à du profilage racial et je serais prêt à parier que ce n’est pas le seul service de police au Québec qui l’a fait. Si vous vivez à Montréal ou dans une grande ville, vous avez surement été témoin de racisme à un moment ou à un autre. Je l’ai été, et je ne crois pas qu’il s’agissait de mon imagination. Dans tous les cas, on est directement concerné.

Dans les médias…

Comme de quoi, je vais peut-être terminer cet article sur le racisme au Québec sans parler exclusivement d’un certain animateur venimeux du FM93: – « Les noirs n’ont pas de héros. »  Ou encore d’un psychiatre qui nous rendrait à tous un grand service en changeant de pratique: – « Mais là, j’écris tout haut, ce que je pense tout bas. Oui, il y a du racisme, et des racistes, dans nos médias… Et malgré les règlementations contre les propos haineux, certains finissent toujours par s’en sortir sans cicatrices.

Vers une prise de conscience

Si on veut progresser, il faut savoir reconnaître la critique et engager un dialog constructif. Il est tout à fait possible de réparer nos erreurs sans nous soumettre à une séance d’autoflagellation.  D’autant plus que la proscription du racisme s’harmonise parfaitement avec l’idéal québécois.   Il est temps qu’on cesse de mâcher nos mots, et qu’on puisse parler ouvertement de racisme systémique. Finalement, il est impératif que nous participions aux débats et appuyions des motions progressives, tant aux niveaux fédéral que provincial.

Pour les autres francophones

Jusqu’à maintenant, je n’ai pas vraiment parlé des francophones hors Québec dans cet article, un peu parce que je crois que ceux-ci sont généralement mieux sensibilisés. Ayant vécu dans les deux mondes, ils sont en général mieux équipés à faire des nuances.  D’autant plus que ceux-ci sont souvent victimes de discrimination; ils sont regardés de haut par certains anglophones et enviés par d’autres groupes parce qu’ils seraient soi-disant privilégiés.  Bien évidemment, ces communautés doivent aussi se renseigner et faire tout ce qu’elles peuvent pour aider le plus de personnes possible.

Si vous voullez contribuer…